Je suis une institution

Description

La procession fut une forme de piété très en vogue durant le Moyen Âge jusqu’au XX^e siècle. Ce fut souvent par leur nombre et la foule qui s’y pressait une des manifestations les plus voyantes d’une religiosité et d’un enracinement dans des traditions populaires tout autant que dans des expressions politiques et sociales. Elle est chargée d’un symbole très riche, celui de l’église militante en marche vers la réalisation du Christ, sous la bannière d’un saint ou une image servant d’étendard – vexilla regis, un peuple, une armée dans la tradition constantinienne.

Le rituel est ancien depuis l’Adventus – procession d’accueil de tous les personnages importants dans l’Empire romain – en passant par les rogations instaurées par Mamert de Vienne – le mercredi de la Pentecôte – pour s’assurer de bonnes récoltes en parcourant le terroir villageois avec la relique ou la statue du saint protecteur avant le début de la kermesse jusqu’aux processions dominicales du célébrant et d’autres plus spécifiques comme le transport du viatique ou l’enterrement.

Ces manifestations annuelles furent toujours l’expression de la communauté avec intervention de l’échevinage, des confréries et des institutions religieuses qui se partageaient les frais de port, de cierges et de statues, le paiement du vin distribué aux figurants, prêtres, militaires et échevins pour leur permettre de se désaltérer à chaque halte ou à chaque reposoir.

Spectacle haut en couleur, de grande solennité, fait de recueillement et de défoulement dans lequel on retraçait à travers des tableaux historiés un imaginaire collectif dans lequel défilaient diables et saints au milieu de danses.

Nous nous proposons de revisiter ces divers aspects à la lumière des recherches récentes et, par des comparaisons avec d’autres religions, comprendre la portée de l’une des manifestations les plus contrastées de l’expression du sentiment religieux.

SOMMAIRE

Préface
Dominique FOYER

Avant-Propos
Jean HEUCLIN

Autour des morts vers l’an mil. Pleurer et donner ensemble : témoignage de piété et geste social
Emmanuelle SANTINELLI

La dévotion à Notre-Dame de Boulogne au Moyen Âge
Isabelle CLAUZEL-DELANNOY

La Grande Procession de Lille à la fin du Moyen Âge : entre dévotion populaire et enjeux de pouvoir
Élodie LECUPPRE-DESJARDIN

Conjoncture et processions à l’abbaye et au village de Crespin (XV^e siècle)
Bernard DELMAIRE

La grande procession de Sainte-Aldegonde à Maubeuge : évolution d’une identité
Jean HEUCLIN

La piété populaire d’après l’histoire du culte de saint Josse
Hubert LE BOURDELLÈS

Fabriques paroissiales et dévotions religieuses aux XVII^e et XVIII^e siècles
Gilles DEREGNAUCOURT

Les chanteries de Valenciennes (1561) : une contre-procession calviniste et ses suites
Alain LOTTIN

Les protestants et la piété populaire en France XVI^e-XVII^e-XVIII^e siècles
Alain JOBLIN

Cantiques spirituels, dévotion mariale et écoles du peuple : les outils renouvelés de la reconquête des âmes au temps des archiducs. Le cas de Valenciennes et du père Guillaume Marc
Philippe GUIGNET

La procession du Saint-Cordon aux XVII^e et XVIII^e siècles
Nicolas PLOYART

La Sainte-Chandelle d’Arras : fêtes, processions et cérémonies (XVI^e-XVIII^e siècle)
Laurence BAUDOUX

Notre-Dame de Liesse : piété populaire et pèlerinage royal
Jean-Pierre DUTEIL

La piété populaire au crible de l’autorité épiscopale : l’exemple du diocèse de Cambrai (XVII^e-XVIII^e siècles)
Christophe LEDUC

La Grande Procession de Notre-Dame de Boulogne à l’époque contemporaine : des évolutions contrastées
Bruno BÉTHOUART

Notre-Dame de Brebières à Albert : les « recharges sacrales d’un pèlerinage picard aux XIX^e et XX^e siècles
Xavier BONIFACE

Enquête sur les dévotions dans le diocèse de Lille, 1939-1942
Catherine MASSON

Sentiments religieux des juifs au XIX^e siècle lors de la mise en place des communautés juives du Nord/Pas-de-Calais
Danielle DELMAIRE

Sur les chemins du Seigneur, le pèlerinage comme expression dévotionnelle universelle
Ludo MILIS

Conclusion
Jean HEUCLIN